Carnet de la Sicile, août 2005

 

 

Quelques jours sur une île de montagnes et de volcans, plongée dans une eau claire, turquoise, transparente. J'habite une grande maison aux murs blancs, cachée entre les oliviers aux feuilles d'argent et les fleurs fuchsias. Je m'évanouis sur les plages de sable noir, en rêvant de toi, tu es là près de moi partout en Sicile, la mer profonde m'entoure et je voudrais que tout ça te soit offert comme à moi - voici les mots de la Sicile, ceux du carnet bleu, ceux que j'écris allongée sous le soleil implacable quand le vent caresse ma peau, ceux que j'écris pour toi.

&&&

Mercredi 3 août 2005

Jeudi 4 août 2005

Vendredi 5 août 2005

Samedi 6 août 2005

Dimanche 7 août 2005

Lundi 8 août 2005

Mardi 9 août 2005

Mercredi 10 août 2005

Jeudi 11 août 2005

&&&

Mercredi 3 août 2005

Jour du départ. Je vais à Paris pour retrouver Ophélie. La rue de la Roquette le matin baignée de lumière très claire me paraît toujours agréable. La voiture jusqu'à Roissy, l'attente interminable pour enregistrer nos bagages, et apprendre que l'enregistrement est clos depuis dix minutes - finalement l'avion est retardé pour nous attendre, nous et quelques autres passagers. A Rome nous avons trop de retard pour même faire un tour dans les boutiques de l'aéroport, il faut tout de suite prendre une correspondance pour Palerme. Les stewarts italiens sont des bombes sexuelles. Arrivées à Palerme, nous nous essayons à l'italien, "come si fa per andare à la stazione ?" et un bus nous emmène à travers la grande ville sicilienne, nous apercevons des façades colorées et souvent en mauvais état, je pense à Lisbonne et à ses immeubles multicolores délabrés, partout autour de notre bus il y a des scooters et surtout des Vespa. Les rues sont larges, habillées de plates-bandes vertes et fleuries. A la gare nous finissons par obtenir des billets pour Patti San Piero Patti. Le trajet en train paraît long dans l'obscurité, dès 21 heures il fait nuit noire, mes yeux se ferment de fatigue et pourtant je tiens obstinément mon stylo et mon cahier entre mes doigts serrés, je veux écrire, et lire, Tender is the night dit Fitzgerald - à ce moment la nuit me paraît accablante, je n'ai qu'une envie, être enfin arrivée sur ces plages merveilleuses et au bord de l'eau claire et profonde de la Méditerranée.

&&&

Jeudi 4 août 2005

La Sicile est partout autour de moi et me rend sensible, différemment. Le soleil, la mer, le vent, les nuits, nulle part ailleurs pareils, et je m'en entoure doucement, protégée par cette sensation d'être étrangère et pourtant si rassurée, portée simplement par la douceur d'évoluer au rythme de la découverte.

Le temps est changeant, nuageux. Le vent très fort fait tanguer les bateaux amarrés et nous épuise à fouetter les visages, ramenant des cascades de cheveux sur les yeux rougis. Il fait moins chaud que pour un été habituel, seulement une petite trentaine de degrés. J'aime toujours le vent gonflé de l'odeur marine, le sel déposé sur les sourcils et les cheveux qui crissent ensablés. L'eau de la Méditerranée est très salée, je bois la tasse et j'avale des litres d'eau, j'ai les yeux qui piquent et tout rouges. Il y a des vagues ces jours-ci, alors que d'habitude la mer est parfaitement calme, lisse comme la surface d'un miroir. De la grande maison blanche, on aperçoit des moutons blancs sur l'eau. Avec Ophélie je nage longtemps, jusqu'aux bouées éloignées. On est dans l'eau comme des poissons. La mer est bleue, très claire, on voit les petites méduses s'approcher. Je me suis faite piquer. Des petites cloques blanches sur le coude. Avec de l'ammoniac ça ne reste pas. L'eau est fine, transparente, on y reste des heures comme si c'était naturel d'évoluer dans l'eau plutôt que dans l'air. La mer rapporte des îles Eoliennes des pierres ponce, petites comme des grains de raisin, ou parfois aussi grosses que des noix. Ce sont les pierres des volcans, glissées à l'eau et emmenées par la mer, roulées, chahutées, polies. Elles flottent à la surface, il suffit de tendre la main pour les saisir et les glisser dans son maillot de bain, jusqu'à revenue sur le bord de la plage.

Il y a sept îles Eoliennes ; on les voit lorsqu'il ne fait pas encore trop chaud et qu'aucune brume de chaleur ne les dissimule. Je ne me souviens plus de tous les noms, Vulcano la première, Lipari, Stromboli. Ce sont ces volcans qui rejettent des pierres. Il y a encore de petites éruptions volcaniques, des coulées de boue chaude et des nuages de fumerolles.Un jour nous louerons un bateau à moteur et passerons une journée sur les îles. En voilier cela prendrait trop de temps.

La végétation est dense mais asséchée, moins verte et moins touffue qu'en Corse. Avec le vent qui souffle si fort, les incendies se déclarent facilement et ce sont des pans entiers de la montagne qui brûlent. Les hélicoptères viennent remplir leurs réservois en bordure des plages où se baignent les Siciliens. Ils leur faut tout un après-midi pour venir à bout du feu. Les montagnes sont noires et brûlées.

&&&

Vendredi 5 août 2005

Je n'ai pas autant de temps que je le voudrais pour écrire. Les journées s'écoulent sans qu'à un seul moment nous ne restions tranquilles dans la fraîcheur de la maison. Lever en fin de matinée, jus de poire au petit déjeuner et descente jusqu'à la plage en 2CV. A l'arrière nous sommes serrées et ça bringuebale dans tous les sens, mais qu'est-ce qu'on rit. Manuel me l'a faite conduire, il fallait appuyer très fort sur l'accélérateur et j'ai calé dans une montée, impossible de repartir, je ne faisais que glisser vers l'arrière. L'Italien au volant derrière, nous regardait amusé.

Les plages ne sont pas en sable, ce sont des petits galets polis, on s'enfonce en marchant au bord de l'eau. Ophélie et moi nageons beaucoup, l'une près de l'autre parce que les méduses nous effraient. Le surveillant de baignade nous laisse nous éloigner mais il garde toujours un oeil sur nous. Les vagues à Capo Calava sont les plus fortes, aucun danger mais les rouleaux tout au bord de la plage nous entraînent, nous retournent au fond de l'eau, et je me relève avec les genoux bleus qui ont trop frotté contre les galets. Je bronze, les jambes deviennent dorées, les cuisses davantage que les jambes, et les genoux encore plus, de la couleur du pain d'épice. Les cheveux éclaircissent au soleil, les reflets roux ne sont plus là je crois.

Le soir nous allons dîner dans une pizzeria qui s'ouvre sur la mer, je ne viens pas à bout de ma Norma - des aubergines et de la ricotta, c'est absolument délicieux - mais je me sens revigorée, prête à me lancer dans cette semaine rêvée et attendue de longue date, je sens la vie italienne me pénétrer petit à petit, je fais de plus en plus attention à ce qui se dit autour de moi en italien. La nuit est belle, très étoilée, mais impossible d'apercevoir la lune.

&&&

Samedi 6 août 2005

Le samedi soir, une discothèque à ciel ouvert, la mer n'est pas très loin, les garçons et les filles de Sicile sont distants, timides, moi continentale qui ne leur ressemble pas je me fonds à eux, pas vraiment, Pauline qui danse de sa peau brune et de ses très grands yeux qui sourient, Ophélie jeune chatte qui se défend des gestes intrusifs d'un jeune homme à la chemise blanche bien propre, et nous dansons, buvons des alcools forts mêlés à du curaçao pour la jolie couleur bleue, Manuel est soûl et me prend dans ses bras, nous dansons infatiguables jusqu'au petit matin, les garçons voudraient repartir mais les femmes au coeur palpitant, à la peau brûlante et aux yeux transperçants continuent, ne s'arrêtent plus, jusqu'à ce que leurs jambes ne les portent plus.

Au petit matin nous allons chercher à la boulangerie "una brioche con cioccolato", tous les danseurs de la Pineta se retrouvent là et les derniers sourires sont échangés avec les beaux visages masculins de la Sicile.

 

&&&

Dimanche 7 août 2005

A l'une des extrémités de la baie se trouve une haute falaise recouverte de végétation : cyprès, olivers et eucalyptus. Au sommet il y a le site de Tindari, qui était à l'origine la colonie grecque de Tyndaris. On monte longtemps, en voiture puis à pieds, jusqu'à cet endroit étrange : près des colonnes grecques en pierre orangée passe une voie romaine pavée, des thermes dont le sol est recouvert de mosaïques aux inscriptions latines, une chapelle dont subsistent encore quelques voûtes romanes. Le paysage est mystérieux, au-dessus de toute la baie de Patti, lieu de rencontre de la Grèce, de Rome et de Byzance. Les gens pénètrent dans la basilique blanche et orange, la coupole imposante est surmontée d'une petite croix qui semble veiller sur le pays tout autoure. Le lieu est calme, loin de tout, silencieux comme un sanctuaire. Mes photos du théâtre en pierre, en forme d'hémicycle, pourraient avoir été prises en Grèce. Il y a ce silence, qui porte la marque de tous les peuples qui sont venus ici, ont posé des pierres et construit des temples, des sanctuaires, des chapelles, et s'en sont allés chassés par les nouveaux envahisseurs.

En descendant de Tyndaris, je marche doucement et regarde la soleil rouge qui disparaît derrière la pointe de Calava et s'écroule dans la mer grise, agitée par le vent, mise en feu par le soleil brûlant. La journée meurt sous un vent violent.

Je pense à toi sur chaque plage où je m'allonge. J'appuie ma tête sur le sable, je ferme les yeux et j'ai ton image avec moi. Il y a des choses ici que j'aimerais vivre avec toi. Je voudrais nager près de toi, te sentir glisser près de moi, que les vagues nous emportent toi et moi ensemble. Tu es au même moment sur une île quelques nuits plus loin, et la Sicile y ressemble. Je voudrais danser avec toi et que tes bras me portent, que nous marchions très longtemps au bord de l'eau, qui monte jusqu'aux chevilles, parfois bondit jusqu'aux genoux. Je m'endors souvent au soleil et je rêve à ton amour, ton corps serré contre le mien - j'aime cette sensation, toute ta chair qui pèse et repose sur moi, nos corps qui se fondent l'un à l'autre - je rêve aux nuits que nous aurons encore ensemble, chez toi ou bien chez moi, comme tu me feras l'amour, je deviens folle et hystérique sur ces plages ensanglantées de lumière, baignées d'eau claire. J'ai envie de toi sans cesse, les Siciliens trop timorés ne viennent pas peupler mes fantasmes - et pourtant je ne voudrais rien changer du fragile équilibre que j'ai trouvé avec toi, je n'attends rien de plus que ce que nous vivons maintenant : deux vies qui parfois se croisent et se rejoignent. Les choses telles qu'elles arrivent entre nous me rendent heureuse, je suis riche de mes seuls rêves et désirs, tu ne me manques pas sur ces plages d'Italie, parce que je t'emmène partout avec moi au creux de mon sommeil et au détour de mes paupières baissées.

&&&

Lundi 8 août 2005

Rentrée de la plage, en fin de journée, je suis la première à me glisser sous la douche du jardin. Derrière la maison, avant que les arbustes ne s'élancent dans la montagne pentue et aride, de l'eau tiède coule d'une pomme de douche sur une planche de bois - et je me glisse entre deux, mon maillot de bain encore plein de sable vole jusqu'aux buissons, je suis nue sous l'eau chaude et c'est délicieux, frissonner du vent qui caresse les épaules et sentir l'eau couler dans le dos, entre les seins. Je ne peux pas rester immobile, il ferait trop froid, je me frotte les bras avec énergie, l'eau ruisselle partout sur mon visage asséché par l'eau très salée de la Méditerranée. La nuit tombe doucement sur la baie de Patti, je vois les lumières de la petite ville balnéaire s'allumer une à une, cette fois je suis dans l'obscurité, et je continue à m'enduire de savon au lait d'avoine. Tout autour de moi est noir et je sens toujours l'eau qui m'enrobe, me protège de l'air frais, je voudrais ne plus jamais me sortir de sous l'eau chaude, et puis les lumières d'en bas m'attire, j'ai envie maintenant d'aller danser au bord de la mer.

Tous les soirs nous descendons au Lido, tout au bout de la plage de Patti. C'est un bar, où l'on sert des Bacardi, des cocktails. Autour, sur des planches de bois, sont disposés des tables, des chaises, des parasols. Les jeunes de Patti tous les soirs s'y retrouvent. Il y a aussi la plage privée du Lido, plantée de parasols exotiques en feuilles de palmier, et sur l'eau une plateforme pour plonger. Je ne vais jamais au Lido en journée ; mais la nuit, des lumières jaunes, roses et oranges parcourent l'obscurité, et l'atmosphère est douce, estivale. Les gens déambulent, s'arrêtent pour lancer un regard à la mer ou à une jolie fille, sirotent des jus alcoolisés appuyés au comptoir ou assis nonchalamment sur les fauteuils blancs. Ils se croisent et se s'interpellent, se sourient et se prennent par le bras.

Je glisse entre eux tous, je reste impertubable tout en distribuant mes sourires, j'observe tout sans jamais arrêter d'avancer, faire croire que je sais où je vais qui je rejoins, quand je marche au hasard, je me perds, je flotte dans cette atmosphère gaie et nocturne...

&&&

Mardi 9 août 2005

Sur la plage c'est un grand feu, sur l'eau ce sont des reflets de lune qui caressent la grande masse sombre, mouvante et effrayante de la Méditerranée. Je me souviens mal de ce que nous avions mangé, sans doute quelques grillades, je me souviens des jambes nues dans le sable et des bustes enroulés dans des couvertures car la nuit était fraîche, et puis j'avais fumé un peu, et puis je m'étais endormie.

&&&

Mercredi 10 août 2005

La journée nous partons aux îles Eoliennes dans un bateau à moteur loué avec quelques billets. Le soleil est brûlant sur l'étendue bleue et nous nous protégeons avec des pareos. Le bateau près d'une plage de sable noir, puis la plage de craie dont les gens s'enduisent pour avoir la peau très douce ensuite. Il y a des sources de souffre au fond de l'eau, et de petites bulles viennent à la surface avec une odeur nauséabonde. Les roches sont jaunes et des méduses translucides se laissent porter par leur courant, jusqu'à ce que leurs filaments frôlent ma peau bronzées, très vite il faut mettre de l'ammoniac pour empêcher l'apparition de petites cloques blanches. Dans une crique nous amarrons le batêau et nageons dans une eau turquoise, où se déplacent des bancs de poissons multicolores. Pauline va devant moi avec un masque pour éviter les piqûres de méduses, je la suis de près. La crème solaire étalée en couches généreuses toutes les heures n'empêche pas les coups de soleil.

Au Lido ce soir j'ai beaucoup trop chaud, les coups de soleil brûlent mon dos et mon visage, j'ai la peau rouge comme celle d'un homard, j'ai la sensation que le soleil toujours s'abat sur moi et me darde de minuscules coups de poignard, sans cesse, sans cesse... J'accompagne Ophélie pour danser quelques instants sur ces musiques que nous avons entendues chaque soir, désormais nous connaissons chaque chorégraphie par coeur, mais le moindre geste pour moi est un supplice, la peau tire et brûle, je me sens si mal... L'alcool ne fait rien oublier, alors je me souviens que nous avions parlé d'un bain de minuit, déjà lundi soir après le fallo nous y pensions, je ressors l'idée de mon chapeau magique et je fais le tour du Lido pour en parler à chacun des garçons que je reconnais : un bain de minuit, un bagno, mezzanotte... Ils comprennent, ils devinent, et à leurs mauvais arguments je rétorque qu'un maillot de bain n'est pas indispensable la nuit lorsque la pénombre se couche sur l'eau. Andréa et sa petite amie nous suivent, Pauline et moi sommes folles à l'idée de nous baigner au beau milieu de la nuit - il est en fait déjà une heure ou deux heures du matin - et notre petit groupe marche jusqu'à une plage plus éloignée, plus calme, aux abords du Lido le sable est encore très peuplé... Il faut se lancer. Ne pas se poser trop de questions. Profiter de l'embarras de ceux qui se demandent comment ils vont s'y prendre pour se jeter à l'eau, pour retirer la petite robe noire et courir très vite vers l'eau angoissante, aspirante, sombre... Personne ne m'a vue me glisser à l'eau. J'y suis et je nage, je bats des mains et des pieds pour ne pas avoir froid, mais finalement l'eau est encore assez chaude, je me sens prête à resterd des heures dans cette eau de nuit, les étoiles sont descendues sur la mer, et je me baigne entre des courants noirs et des étoiles d'argent. Les vagues passent doucement sur mon ventre, mon dos, mes jambes ; mes seins et mes fesses, plus blancs que le reste du corps, ressortent davantage dans l'eau sombre, et l'on semble ne voir que ça. Pauline me rejoint, nous nageons nues heureuses et nullement gênées, nous avançons un peu plus loin en nous tenant par la main. Manuel se décide à nous rejoindre, il se colle à Pauline et la cache, alors j'en rajoute, je complique le jeu, je me jette à eux et je glisse, j'ondule... Les seins juste au bord de l'eau. Les rires. La fraîcheur de la nuit. Le bain de minuit semblait être la seule chose capable d'apaiser mes brûlures, et maintenant je ne vais plus vouloir m'en aller. Entre nous trois, il n'y a aucune ambiguïté, nous sommes redevenus trois enfants jouant nus avec l'eau, comme nous nous baignons petits dans de grandes bassines métalliques, avec mes cousines et mon frère, dans le jardin de notre arrière-grand-mère. Andréa et Lydia nagent ensemble plus près du bord, dans leurs maillots de bain. Je sens l'eau se faufiler entre mes jambes, comme la main d'un amant qui s'introduirait et la jouissance de l'eau est là, c'est un délice de se baigner ! Des pêcheurs au loin sur un ponton nous observent. Il est très tard et d'autres commencent à avoir froid, il faut remonter jusqu'à nos serviettes, je me faufile quand tout le monde baisse les yeux et Lydia me fait comprendre qu'elle veut m'aider, elle prend la serviette et la tient enroulée autour de moi, je suis frappée de la voir si gentille et se faire violence car la barrière de la langue l'effraie, elle n'a pas essayé de me parler de la soirée - en italien, en français, en anglais - et soudain elle propose de m'aider à me changer, elle me voit nue et ne s'offusque de rien, nous sommes entre filles, et d'un pays à l'autre, d'une langue à l'autre, nous sommes toutes pareilles.

&&&

Jeudi 11 août 2005

Retour à Paris. Mon amour la nuit au téléphone.

&&&

&&&

M'écrire ici

Retour au Sommaire

&&&

(portée par un amour fou)

© Tous droits réservés Aglaé 2005-2006