Le journal d'Aglaé, août 2005, Paris

 

30 août 2005

J'aime la photo de cette femme qui prend un bain japonais, l'extraordinaire douceur avec laquelle elle prend soin de son corps, les tissus blancs qui l'habillent. Les peignes sont étalés sur une serviette blanche près de la bassine remplie d'eau. Elle a passé du temps à démêler ses cheveux, elle a pris le temps de s'occuper d'elle. C'est rare de faire preuve d'une aussi grande douceur envers soi et son propre corps.

Je m'entoure de douceur dans ma grande maison à la campagne, sentant le départ très proche, je m'extirpe de mon lit et je glisse entre les grandes pièces aux murs de pierre, je grignote et j'écris, je lis Le Hussard sur le toit, je m'endors sous le soleil les pieds dans l'herbe du jardin, et je rêve beaucoup, je m'enrobe de la douceur des garçons rêvés, je plonge dans leur regard et j'y trouve un instant de protection, les refuges sont des souvenirs de ceux que j'aime, des mains qui se tiennent, des bras qui se serrent, des corps qui s'ouvrent et des lèvres qui se touchent - je me souviens de tous ces gestes de douceur et je les retiens à moi.

31 août 2005

Elle m'emmène chez elle boire de grands verres d'eau fraîche, pour échapper à la chaleur lourde qui ronge Paris en cette fin de mois d'août, et m'assomme, m'assomme... La voir, ses cheveux blonds éclaircis par le soleil de Grèce, le dos bronzé comme du pain d'épice, la serrer entre mes bras, me nourrir de son visage si doux et de ces grands yeux bleux, c'est un réconfort que personne d'autre ne m'apporte, c'est une protection face à toutes les attaques du monde, c'est ma très belle à moi que personne ne me ravira. Toutes les deux nous marchons côte à côte dans les rues d'Assas et de Vaugirard pour aller chercher des glaces chez Christian Constant, parfum cacao-raisins-whisky pour moi, vanille pour elle. Nous nous asseyons dans les jardins du Luxembourg, le jardin du fond où la lumière est si particulière, où un peu plus de désordre semble prendre pied, semblable au St Stephen's Green de Dublin... La lumière est pailletée, dorée comme une poudre maquillante, qui entoure les arbres d'un voile opaque et léger. On parle, on rit, on observe nos corps, on sourit des peurs et des faiblesses masculines, on a toujours en tête ces projets de pastels et d'écriture... Pour nous le bleu est une couleur chaude, l'orange et puis le rouge et enfin le bleu, c'est ce qu'il y a de plus chaud, c'est là que quelque chose se concentre et que la chaleur explose, c'est dans l'eau bleue et glacée que notre sang bat le plus fort et que le rouge fuse.

 

La suite, septembre 2005, ici

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